Vigilance météo
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L'été 2003 : le dernier des grands

Niveau : initié

Introduction

Ces dernières années, l'été nous a souvent laissé une bien piètre impression. Tant 2010 que 2011 ont connu de fort mauvaises périodes, très pluvieuses, en plein cœur de la saison des vacances, et 2012 ne nous a guère gâtés davantage jusqu'à présent. Cela nous fait souvent oublier que les étés peuvent aussi être très différents de cela en Belgique. Chaque génération, en fait, a connu son grand été. Les plus anciens d’entre nous se souviennent de 1947, les autres de 1976 et les plus jeunes n’ont connu que 2003. Aux 18e et 19e siècles par contre, de tels étés étaient parfaitement inconnus. Certes des périodes très chaudes ont bel et bien déjà eu lieu, comme par exemple en 1783, 1842, 1846 et 1852, mais jamais les étés n’ont présenté des vagues de chaleur qui reviennent et qui reviennent encore, tout au long de juin, juillet et août, et parfois même en mai ou en septembre.

Au début du 20e siècle, seul l’été 1911 s’est quelque peu rapproché des trois grands étés, mais sans atteindre leur dimension.

Est-ce lié au réchauffement climatique, dont la première phase a été la sortie du « petit âge glaciaire » ? Peut-être. Mais la réponse est loin d’être univoque dans le cas des situations extrêmes. Les aléas statistiques, dans ce domaine, masquent bien souvent les grandes tendances.

Si l’on se réfère aux témoignages du passé, notamment liés à l’agriculture, l’été 1540 aurait très bien pu avoir la même envergure que 1947, 1976 ou 2003, voire même une envergure beaucoup plus grande, mais il n’existait, à l’époque, aucun instrument qui permettent de l’affirmer avec certitude.

Alors contentons-nous, pour l’heure, de replacer 2003 dans le contexte des grands étés « contemporains », c’est-à-dire ceux des 20e et 21e siècles.

En Belgique, si 1976 s’est distingué avant tout par sa série de 15 à 16 jours de chaleur (30°C) consécutifs, inégalable en soi, l’été 2003 a toutefois été plus chaud dans son ensemble. Dans notre pays, l’écart (par rapport à 1976) est d’environ 0,5°C au centre du pays, avec une moyenne de 19,7°C contre 19,2°C à Uccle. Au nord et au nord-ouest, cet écart est généralement moindre, au sud et au sud-est du pays, il est plus marqué, souvent supérieur à 1°C.

Ceci est lié au centre de gravité de la vague de chaleur de 2003, qui est très différent de celui de 1976. En 1976, au plus fort de la canicule, il s’agissait d’une langue d’air chaud qui intéressait le centre et l’ouest de la France, une partie de l’Angleterre, la Belgique et le sud des Pays-Bas. Ailleurs, il faisait certes chaud, mais avec des valeurs moins extrêmes.

En 2003, nous avons connu en Europe deux canicules extrêmes, une première en juin, qui concernait principalement la Suisse et ses régions limitrophes, et une deuxième qui concernait une très grande partie du continent, plus particulièrement la France, une grande partie de l’Allemagne et… à nouveau la Suisse et ses régions limitrophes. Pour un grand nombre de ces régions, l’été 2003 a été tout à fait hors normes, avec une période de retour de près de 500 ans. On reparle donc, ici aussi, de l’été 1540 dont les données, « reconstruites » indirectement, nous permettent de nous faire une idée.

La Belgique se trouve juste au nord de cette grande canicule, et juste une partie du pays est affectée par des températures extrêmes, même s’il fait très chaud partout ailleurs aussi. Mais le plus souvent, c’est le phénomène caniculaire de 1976 qui garde sa primauté dans nos régions et qui, de ce fait, prend à son compte la fameuse période (probable) de retour de 500 ans.

Pour nos voisins du nord, l’été 2003 n’aura même pas été le plus chaud au niveau de la moyenne globale. À De Bilt, plus ou moins au centre des Pays-Bas, cet été ne se placera qu’en 4e position, après 1781, 1826 et 1947. Et 1976 n’y occupe que la 6e position, après une 5e position conquise par 2006. En d’autres termes, les phénomènes caniculaires récents ont été moins extrêmes au nord de nos latitudes, et ne dépassent pas en amplitude les périodes chaudes des 18e et 19e siècles. Par contre à l’est de nos contrées, un été tout à fait hors normes a été très récemment observé en Russie, en 2010.

En Belgique, l’une des grandes caractéristiques de 2003 a été, contrairement à 1976, la quasi-absence de fraîcheur estivale. Même pendant les (quelques) périodes perturbées, les maxima tendaient à rester largement supérieures à 20°C, et les nuits froides (sauf très localement) faisaient totalement défaut. À Uccle par exemple, en juin, le maximum était inférieur à 20°C qu’une seule fois durant tout le mois, en l’occurrence le 19 avec 19,9°C. Le minimum le plus bas a été de 9,7°C, ce qui est remarquablement élevé pour un mois de juin.

C’est pour cette raison que ce mois de juin, en dépit de l’absence de températures supérieures à 30°C à Uccle, partage avec 1976 la qualité de juin le plus chaud depuis le début des observations en 1833, même si la canicule en juin a été bien plus extrême en 1976. Mais cette année-là, quelques jours très froids au début du mois ont empêché la moyenne de pulvériser les records. En 2003 par contre, ce sont surtout les minima nocturnes élevés qui ont pesé lourd dans la balance.

Cette absence de périodes fraîches, en 2003, est également vraie pour les deux autres mois de l’été. Pour l’ensemble de la période estivale, les seules périodes un peu en-dessous des normes saisonnières se sont situées au début du mois de juillet (3 maxima < 20°C) et à la fin du mois d’août (également 3 maxima < 20°C).

Au niveau de la circulation atmosphérique générale on peut remarquer, pendant toute la première moitié du mois de juin, de puissantes crêtes d’altitude qui se développent constamment vers l’Europe centrale. Notre pays, à l’ouest de cette crête, se retrouve presque en permanence dans une circulation de sud-ouest faiblement perturbée, avec des intermèdes anticycloniques. Il fait souvent chaud, mais modérément. La deuxième moitié de juin montre une circulation plus zonale, mais affaiblie sur nos régions, et plus affaiblie encore au sud de celles-ci. Cette situation particulière donne une vague de chaleur sans précédent en Suisse, où la moyenne de juin dépasse de 6,5 à 7,5°C la norme, ce qui en fait non seulement le mois de juin le plus chaud depuis 1864, mais aussi le mois le plus chaud dans l’absolu, tous mois confondus. À Bâle, la température frise les 35°C le 12 (34,9°C) et les dépasse le 23 (35,9°C). On note 14 jours de canicule et… 30 jours d’été ! Le maximum le plus bas, le 18, atteint encore 25,4°C. Ailleurs en Europe, cependant, les températures sont moins extrêmes.

 

Source : NCEP Reanalysis

 

 

Dans les premiers jours de juillet, une goutte froide se déplaçant de la Bretagne au Danemark en passant au-dessus de notre pays (et de la Mer du Nord) influence fortement le temps sur nos régions avec un temps très nuageux à couvert et pas mal de pluies. Cette dépression fait parfois sentir ses effets jusqu’assez loin dans le sud. À Zürich, le maximum ne dépasse guère 15°C le 4, tandis qu’il fait 19°C à Bâle et à Munich. Le reste du mois, une circulation atlantique effectuant de gros méandres nous apporte un temps tantôt faiblement perturbé, tantôt anticyclonique (nombreuses crêtes issues de l’anticyclone des Açores). Durant le deuxième moitié de mois, la circulation se bloque davantage, avec une situation moyenne d’« oméga » (plus ou moins bien dessiné), qui évolue en « high over low » tout à la fin du mois. La crête se trouve généralement à l’est de nos régions, ce qui entraîne une circulation du sud à sud-ouest, avec quelques phénomènes caniculaires modérés à intenses, mais aussi des moments plus perturbés, notamment le 26 où les précipitations sont fortes avec un air temporairement (un peu) plus frais.

Le mois dans l’ensemble est chaud sans être extrême, en Belgique comme dans beaucoup de pays européens. Toutefois comme le mois de juin était déjà très chaud, on peut d’ores et déjà parler d’un été qui se placera très haut dans les statistiques.


Source : NCEP Reanalysis

 

Les 13 premiers jours du mois d’août sont de la pure folie dans de très nombreux pays européens. La circulation anticyclonique fermée en altitude (« high over low ») est rapidement reprise et englobée dans une gigantesque crête chaude qui forme un blocage quasi absolu. En France, en Suisse et en Allemagne, l’air est excessivement chaud à tous les niveaux, avec des températures largement supérieures à 20°C à 1600 mètres (niveau 850 hPa) notamment sur la France, où l’isotherme de 25°C vient même lécher l’hexagone. Trappes, situé non loin de Paris, relève régulièrement dans ses sondages des températures de 23°C à ce niveau.

On ne s’étonnera donc pas que les 40°C soient atteints en de nombreux endroits en France, et même frôlés à Paris avec 39,5°C le 11 et 39,4°C les 6 et 12 août (Paris-Montsouris). On relèvera par ailleurs 13 jours consécutifs avec 30°C ou plus, dont 9 où le thermomètre dépasse les 35°C. Une chaleur similaire a d’ailleurs été observée à Orléans et à Metz. À Luxembourg, le maximum monte jusqu’à 37,9°C les 8 et 12, tandis qu’à Aix-la-Chapelle, le maximum s’élève à 36,8°C le 12. En Suisse, la chaleur redevient extrême aussi, avec 38,6°C le 13 à Bâle et 36,0°C à Zurich. Dans le sud de l’Allemagne, Munich connaît 37,1°C le même jour. Dans toutes les villes précitées, on a observé au moins 10 jours consécutifs de canicule (30°C), et jusqu’à 14 jours à Metz, en France.


Source : NCEP Reanalysis

 

C’est cette période-là, au cœur de l’été 2003, que je compte analyser dans le détail ici, au niveau de notre pays tout au moins, en y ajoutant les jours qui ont immédiatement précédé et immédiatement suivi le phénomène.

Le 26 juillet, en Belgique, rien ne fait encore penser à l’arrivée imminente d’une grande canicule. Que du contraire. La dégradation du temps fait plutôt penser à une fin précoce de l’été. Ce serait d’ailleurs trop beau pour être vrai : après tant de soleil et de chaleur en juin et juillet, le mois d’août ne peut pas être beau, lui aussi !

Le temps de ce samedi, encore « potable » le matin, devient rapidement très nuageux à couvert, avec des stratocumulus doublés de cumulus, des altocumulus et du cirrostratus, avant l’apparition d’un altostratus épais, toujours mêlé d’altocumulus, évoluant ensuite en nimbostratus. Il pleut des seaux. La température, qui se situait encore à 23°C en début d’après-midi, n’atteint plus que 18°C en soirée, sous une humidité particulièrement désagréable.

Au pluviomètre, on relèvera 18,6 mm à Uccle, tandis que les valeurs dépasseront les 20 mm en de nombreux endroits (25 mm à Zaventem, par exemple).

Et pourtant, quelques jours plus tard, le 31 juillet en l’occurrence, ce sera le début d’une nouvelle vague de chaleur, qui durera 13 à 14 jours en de nombreux endroits, voire même 18 jours dans les lieux privilégiés, comme par exemple à Aubange et à Meix-Devant-Virton, en Gaume. Toutefois, bien plus que sa longueur, c’est son intensité qui sera impressionnante, principalement dans le sud du pays.

Voyons cela en détail maintenant, en procédant par une analyse au jour le jour.


Analyse de la situation au jour le jour

1er août 2003

Notre pays est influencé par un pont entre l’anticyclone des Açores et un anticyclone sur le nord de la Russie. Les restants d’un front chaud passent très près de nos régions, tandis que le front polaire ondule sur le sud-est de l’Angleterre.

Chez nous, le temps est généralement beau, avec des cirrus, quelques altocumulus et des cumulus humilis dont la base se situe d’abord un peu en-dessous de 1000 mètres, puis un peu au-dessus. Une inversion de subsidence, vers 1600 mètres, empêchera leur développement. Au littoral, le temps est temporairement plus nuageux en matinée avec cirrus et des altocumulus.

Les températures sont déjà assez élevées, avec 27,2°C à Uccle, 28,0°C à Bierset et 29,6°C à Koersel au Limbourg.

Le vent est faible et variable, avec une tendance sud-ouest. Au littoral, une brise de mer d’ouest à nord-ouest se lève en milieu de journée, et fait quelque peu baisser les températures. À Middelkerke, le maximum est de 26,2°C, mais en après-midi, la température n’atteint guère plus de 23°C. Au bout de l’estacade du port d’Ostende, le maximum n’atteint que 24,2°C.

Au large, la température de l’eau de 19°C ne permet guère à la température de l’air de dépasser 20°C.


2 août 2003

L’influence anticyclonique se renforce sur nos régions, avec un noyau venant se placer sur le sud de la Mer du Nord.

Après quelques brouillards locaux le matin, le ciel est à nouveau peu nuageux, et temporairement nuageux l’après-midi, avec de nombreux cirrus. L’après-midi, quelques cumulus humilis et mediocris se développent, avec une base située à un peu plus de 1000 mètres d’altitude. Une isothermie, entre 1800 et 2200 mètres, empêche leur développement. Au littoral, le temps est plus humide et plus nuageux en matinée, avec des stratus fractus bas, d’origine maritime, et des altocumulus. Ces stratus fractus se transforment ensuite en stratocumulus, puis en cumulus avant de se dissiper. L’après-midi, le ciel est temporairement serein.

Les températures sont du même ordre que la veille, avec 27,2°C à Uccle, 27,9°C à Bierset et 30,3°C à Kleine Brogel. En Gaume, de l’air très chaud se manifeste déjà, avec plus de 30°C en de nombreux endroits (31,2°C à Aubange, dans l’extrême sud du pays).

Le vent est faible, avec des vitesses souvent inférieures à 10 km/h, et souffle avec une petite prédominance de nord-ouest. Ceci permet à la brise de mer de s’installer dès la matinée au littoral, d’abord d’ouest à nord-ouest, puis de nord-ouest à nord, et enfin de nord-est le soir. Là, les maxima ne dépasseront pas 22 à 23°C.


3 août 2003

Un grand anticyclone couvre nos régions, avec toujours un noyau sur le sud de la Mer du Nord.

Quelques brumes et brouillards sont observés le matin, puis un ciel peu nuageux à serein en matinée, avec de très rares cirrus tôt le matin. L’après-midi, des cumulus humilis se développent, dont certains atteignent le stade mediocris. Leur base se situe un peu au-dessus des 1000 mètres. Leur développement est arrêté par une inversion vers 2100 mètres. Au-dessus, l’on constate un afflux d’air très chaud, avec 14°C vers 2200 mètres. Vers 3200 mètres d’altitude (niveau 700 hPa), la température oscille déjà depuis plusieurs jours entre 7 et 8°C, ce qui est vraiment beaucoup pour ce niveau.

Au sol aussi, il commence à faire chaud, notamment en Gaume où les 30°C sont généralisés. À Virton, le maximum atteint 33,0°C et à Aubange, 33,4°C. Ailleurs, à l’exception de la Campine, les maxima sont encore légèrement inférieurs à 30°C, avec par exemple 28,6°C à Uccle et à Beauvechain, et 29,4°C à Bierset.

Le vent souffle d’ouest en altitude, mais tend à venir de nord à nord-est dans les basses couches, en étant très faible. Cela favorise cependant la brise de mer, qui s’installe dès la matinée, d’abord de nord à nord-est, puis de d’est à nord-est. Sa force est d’une quinzaine de km/h et les maxima, au littoral, se situent entre 23 et 24°C. En contrepartie, le ciel est parfaitement serein après la dissipation des brumes et stratus matinaux. Un peu à l’intérieur des terres, toutefois, les cumulus se développent déjà.


4 août 2003

Un anticyclone gonfle sur la Mer du Nord et continue d’influencer le temps sur nos régions.

 


Source : KNMI

 

Le ciel est maintenant quasiment serein partout, avec de rares cirrus. Et il commence à faire très chaud, avec plus de 30°C en de nombreux endroits. À Uccle, ce n’est tout juste pas encore le cas, avec 29,7°C. Le sud du pays, par contre, subit déjà l’air très chaud de la canicule à venir, avec 34,0°C à Arlon et à Virton, 34,5°C à Meix-Devant-Virton et 35,6°C à Aubange. Même Saint-Hubert, à 556 mètres d’altitude, voit son thermomètre dépasser les 30°C, avec un maximum de 30,3°C. À Uccle, cet air très chaud n’est encore visible que dans le sondage en altitude, avec 18°C à 1610 mètres (niveau 850 hPa) et 9°C à 3240 mètres (niveau 700 hPa).

Le vent, quant à lui, reste dans le secteur nord à nord-est. Une fois de plus, cela favorise la brise de mer, toutefois en raison des hautes pressions et de la stabilité de l’air, celle-ci restera faible (en général en-dessous de 20 km/h) et ne se lèvera que vers midi. Les maxima sont de 24,7°C au port d’Ostende, de 25,2°C à Middelkerke, mais de 28,5°C à Coxyde, pourtant situé à seulement 4 km de la mer.


5 août 2003

Un grand anticyclone couvrant toute la Mer du Nord maintient notre pays sous l’influence de courants continentaux de plus en plus chauds, notamment en raison de l’afflux massif d’air chaud en altitude, liée à la poussée d’une crête depuis le sud-sud-ouest. Une inversion assez basse, autour de 700 mètres, ne sera que partiellement résorbée en après-midi. À 1620 mètres (niveau 850 hPa), il fait 21°C, et même 22°C au cours de la nuit suivante (c’est énorme !)

Le ciel est serein, à l’exception de rares cirrus le matin et le soir. Seul le littoral connaît un ciel un peu plus nuageux, avec des cirrus, des cirrocumulus et des altocumulus. Les 30°C sont maintenant presque généralisés, avec 30,6°C à Uccle, 31,5°C à Bierset, 33,5°C à Kleine Brogel et à nouveau plus de 35°C, localement, en Gaume (35,8°C à Aubange).

Le vent est toujours faible, malgré quelques petites rafales, et souffle d’est à nord-est. À la côte, la brise de mer s’installe en fin de matinée, par une rotation du vent de l’est-nord-est vers le nord-nord-est. Cette brise, qui souffle en moyenne à 20 – 25 km/h, est certes rafraîchissante en bordure de mer (maxima de 25 à 26°C), mais ne pénètre pas loin à l’intérieur des terres. À Coxyde, le maximum atteint déjà 29,3°C. À Knokke-Zwin (station également un peu à l'intérieur des terres), le maximum atteint même 31,0°C. En outre, l’humidité est très forte dans la région côtière.


6 août 2003

L’anticyclone est à présent centré près du Danemark, tandis qu’une petite dépression se déplace de l’Irlande vers l’Angleterre.

 


Source : KNMI

 

Une perturbation au nord-ouest par rapport à nos régions est d’abord repoussée vers l’ouest par le flux général, puis se rapproche à nouveau le soir. La nuit, la dépression en question se trouve très près de chez nous.

À moyenne altitude, l’air reste très chaud, avec 22°C à 1610 mètres (niveau 850 hPa) et 9°C à 3260 mètres (niveau 700 hPa). Plus haut, cependant, au niveau 500 hPa (un peu en-dessous de 6000 mètres), l’air s’est graduellement refroidi, passant de –7°C le 2 août à –10°C le 4 août, et à –13°C en ce 6 août (et même –14°C la nuit suivante). Cela se traduit par la présence d’altocumulus castellanus en fin d’après-midi, après une journée sereine à l’exception de rares cirrus. À côté de ces altocumulus castellanus, on observe également des cirrocumulus, des altocumulus lenticularis et des cirrus, avec un ciel assez nuageux. Localement, on assiste aussi, le soir, à des bourgeonnements de cumulus à base élevée (autour de 2000 mètres).

Pour de nombreuses régions, c’est la journée la plus chaude de cette période de canicule, avec souvent plus de 35°C et ce, sous un faible vent de nord-est à est, puis d’est à sud-est. Quelques valeurs remarquables : 35,1°C à Zaventem et à Bierset, 36,1°C à Kleine Brogel, 36,6°C à Gosselies, 36,7°C à Florennes, 36,8°C à Rochefort et 38,0°C (!) à Wasmuel. Au Gaume, l’extrême chaleur se poursuit, avec 35,0°C à Virton, 35,4°C à Meix-Devant-Virton et 37,0°C à Dohan. Mais là, le pire reste à venir.

En Ardenne, il fait extrêmement chaud aussi, avec 34,4°C à Saint-Hubert, 33,7°C à Elsenborn, 33,2°C à Spa et encore 32,5°C à Mont-Rigi, à 674 mètres d’altitude.

Le littoral, sous un ciel plus nuageux, avec des altocumulus castellanus dès le matin, des cumulus et stratocumulus l’après-midi (bases respectives à 1200 et 1800 mètres), et de nombreux altocumulus, à nouveau castellanus le soir, le thermomètre est monté très haut aussi, pulvérisant même (provisoirement) tous les records (2006 fera encore mieux dans la région côtière), avec 35,0°C à Knokke-Zwin, 35,6°C à Middelkerke et 36,2°C à Coxyde. Au bout de l’estacade du port d’Ostende, le thermomètre a atteint 34,9°C à 17 heures.

Il est à noter qu’une bouffée d’air chaud a même réussi à gagner le large, avec 28,3°C mesurés à la station néerlandaise d’Euro Platform, à quelques 40 km des côtes.

La brise de mer a été contrecarrée par un vent d’est à sud-est, soufflant à quelques 10 à 15 km/h et tournant temporairement au sud-est, voire même au sud. En début de soirée, la brise de mer finit par s’imposer quand même, en soufflant d’ouest avec quelques rafales plus fortes (jusqu’à 36 km/h au moment de la rotation du vent). La chute des températures est alors rapide. À Middelkerke, par exemple, la température atteignait encore 32,5°C à 18 heures, mais plus que 25,6°C à 19 heures, et 22,4°C à 20 heures. À titre de comparaison, à la même heure, on observait encore 32,9°C à Zaventem et 32,8°C à Uccle. La nuit suivante, le sondage d’Uccle révèle une couche d’air à 31°C à 360 mètres d’altitude, acheminée par un vent de sud-est.


7 août 2003

Une ligne de convergence, associée à une petite dépression passant juste au nord de nos régions, englobée elle-même dans un creux thermique plus vaste, affecte le temps sur une bonne partie du pays.

 


Source : KNMI

 

Au niveau 500 hPa (5910 mètres) on observe encore en matinée la petite baisse de température de la veille, avec –13°C, avant une remontée jusqu’à –10°C la nuit suivante. Au niveau 850 hPa (1610 mètres), on observe au même moment 21°C, tandis qu’une couche d’air très chaud persiste vers 400 mètres, avec près de 30°C au petit matin. Ceci donne une CAPE (énergie potentielle de convection disponible) très forte et toutes les conditions semblent réunies pour des orages très violents. Cependant, ce n’est pas la bonne heure, il n’y a pas de convection à partir du sol, et il faut compter sur les phénomènes dynamiques pour enclencher les orages. Et ceux-ci sont tout juste insuffisants, sauf très localement. Il en résulte, le matin, une atmosphère très lourde, avec des températures à 8 heures incroyablement élevées. À Zaventem, par exemple, il fait déjà 24,1°C tandis qu’à Spa, la valeur est même de 24,8°C (après un minimum nocturne de 24,3°C). À Bierset, la nuit a été plus chaude encore, avec un minimum de 24,8°C. Plusieurs bouffées d'air chaud ont même fait remonter les températures en pleine nuit. Ainsi, à 3 heures du matin, on y relevait 26,9°C (après 25,6°C à deux heures) et à 6 heures, on relevait 26,4°C (après 25,4°C à 5 heures). De telles températures durant la nuit et à l'aube n'ont encore jamais été observées en Belgique auparavant.

Le ciel, pendant ce temps, est menaçant, avec des cumulonimbus capillatus en matinée, accompagnés de cirrus, de stratocumulus et de nombreux altocumulus, dont castellanus. Pourtant les orages sont faibles, ne donnent que de maigres précipitations de-ci de-là, généralement moins d’un millimètre. Très localement, cependant, ces orages sont violents. De la grêle a été signalée, et à Thirimont, les précipitations sont fortes avec 16 mm. Très localement, des cotes au-dessus de 40 mm ont même été relevées. Par ailleurs, des rafales de 50 km/h ont été observées à Uccle et à Beauvechain.

L’après-midi, le ciel se dégage à nouveau, avec cependant encore des altocumulus castellanus, des cirrus et quelques cumulus. La chaleur devient suffocante au centre du pays, avec quelque 32°C mais des taux d’humidité énormes. À Uccle, le point de rosée se situe même à 22°C en soirée !

À l’est du pays, la zone orageuse est plus disloquée, on observe le matin quelques bourgeonnements de cumulus à base très élevée, puis le ciel se dégage partiellement, avec des altocumulus castellanus. Là, la température ne baisse pas du tout, que du contraire. À Kleine Brogel, on observe même 37,7°C en début d’après-midi, avec un air plutôt sec. Mais en après-midi, l’air plus humide, acheminé au départ par un vent de nord-ouest à nord, atteint Kleine Brogel aussi, avec une légère baisse de la température. À 19 heures, il y fait 31,6°C, avec un point de rosée de 22,2°C. En d’autres termes, une chaleur très lourde, difficile à supporter !

Le sud du pays, quant à lui, reste entièrement dans l’air sec avec des températures très élevées, de l’ordre de 36,9°C à Virton, 37,1°C à Meix-Devant-Virton et 34,3°C à Saint-Hubert. Florennes aussi se trouve déjà dans cet air sec, avec un maximum de 35,9°C. Là, l’air humide finit par arriver le soir, mais sous une forme atténuée.

Le littoral, quant à lui, contraste avec le reste du pays, avec des températures très modérées, entre 24 et 26°C à toutes les stations côtières. Le vent y souffle de la mer toute la journée (nord-ouest, tournant au nord), avec une vitesse assez constante de 10 à 15 km/h (rafales inférieures à 20 km/h). Le ciel est nuageux avec des altocumulus, des stratocumulus et des cirrus. En fin de soirée, un brouillard venu de la mer réduit la visibilité à quelque 800 mètres.


8 août 2003

La ligne de convergence reste très près de notre pays et le divise désormais en deux zones, l’une extrêmement chaude au sud et à l’est, l’autre un peu moins chaude et surtout très humide à l’ouest, au nord et au centre.

Il en résulte des brouillards et des stratus qui au centre du pays ne se dissipent que lentement en matinée, avant que le ciel n’y devienne parfaitement serein. Mais l’air reste humide, voire très humide, et la température est proche ou tout juste inférieure à 30°C. Le vent est faible d’ouest à nord, avec des vitesses de 10 à 15 km/h.

Au littoral, la brume et les stratus persistent presque toute la journée, ne se déchirant que le soir. Les températures maximales y sont faibles, avec 21,5°C à Ostende, 21,1°C à Coxyde et à Knokke-Zwin et seulement 20,7°C à Middelkerke, par un faible vent de nord à nord-est, soufflant de 10 à 15 km/h également.

Dans le sud et l’est du pays, c’est tout le contraire, le ciel est serein ou presque, avec encore quelques altocumulus castellanus, quelques cumulus et, de façon isolée, des cumulonimbus. Un orage est signalé à Meix-Devant-Virton, mais sans précipitations.

Les températures, à l’opposé du littoral, sont incroyablement élevées dans ces régions : 33,6°C à Mont-Rigi (altitude 674 mètres), 34,4°C à Saint-Hubert (altitude : 556 m), 35,0°C à Spa (altitude : 483 m), 35,1°C à Elsenborn (altitude 570 m), 37,2°C à Virton, 37,7°C à Meix-Devant-Virton et 38,6°C à Aubange !!

Là où de longues séries sont disponibles, on parle de records absolus. Dans les Hautes Fagnes, par exemple, il s’agit de la journée la plus chaude jamais observée. Les records précédents, respectivement de 33,3°C et de 33,0°C, remontent au 23 août 1944 et au 27 juin 1947 (ces valeurs ont certes été mesurées à la Baraque Michel (672 mètres d’altitude), mais cette station est géographiquement très proche et climatologiquement très similaire à Mont-Rigi).

En d’autres lieux ardennais ou gaumais, quoique dépourvus de longues séries climatologiques, on peut affirmer sans crainte que de mémoire d’homme, on n’a jamais vu une journée aussi chaude. Avec une température au niveau 850 hPa (1580 mètres) de 22°C, plus aucune inversion n’était présente en après-midi dans le sud du pays, ce qui a notamment permis le développement des quelques cumulonimbus signalés plus haut.

Au centre du pays (Uccle) par contre, on note encore une inversion marquée, à midi, avec 21°C à 600 mètres et 25°C à 800 mètres. Cette inversion n’arrivera pas à se résorber en après-midi, d’où l’absence de tout développement cumuliforme et un ciel serein après la dissipation des stratus.


9 août 2003

Des hautes pressions s’étendent de la Suisse à la Scandinavie et acheminent toujours de l’air très chaud, mais celui-ci est obligé de contourner une dépression thermique qui campe sur les Pays-Bas.

 


Source : KNMI

 

Chez nous, les infiltrations maritimes venant du nord-ouest gagnent encore un peu de terrain, et la très forte canicule ne concerne désormais plus que l’extrême sud-est de la Belgique, où les températures atteignent encore 35°C. Ces 35°C frôlent aussi les Pays-Bas, où on les retrouve dans l’extrême nord-est (35,2°C à Nieuw Beerta).

Les autres régions de notre pays connaissent des températures plutôt proches des 30°C, mais avec une forte humidité sous une inversion. À Zaventem par exemple, on enregistre un maximum de 29,4°C, Deurne monte à 28,9°C et Uccle, à 28,4°C. Des températures du même ordre sont observées sur les hauts plateaux ardennais, tandis que les 30°C sont légèrement dépassés à Bierset, à Dourbes et à Florennes.

Le temps est souvent très brumeux le matin, avec des brouillards et des stratus ne se dissipant que vers 11 heures du matin. Après cela, le ciel devient serein ou presque, avec de rares cirrus et altocumulus. Le vent, quant à lui, est très faible et souffle d’ouest à nord, s’orientant ensuite à l’est en fin de soirée.

À la mer, la brume et les stratus ont plus de mal encore à se dissiper, et il faut attendre jusqu’à 13 heures. Après, le ciel devient peu nuageux avec cirrus et altocumulus lenticularis. Il règne une très faible brise (10 km/h) de nord-ouest à nord l’après-midi, et les maxima tournent autour de 26°C près de la mer (25,8°C à Middelkerke et 26,2°C à Knokke-Zwin), mais montent rapidement lorsqu’on se dirige vers les polders (Coxyde : 28,5°C). Au large, la température atteint 22°C le soir, au-dessus d’une eau désormais à 20°C.

En Ardenne et en Gaume, le ciel est serein toute la journée, à l’exception de quelques cirrus.

Le sondage d’Uccle révèle une inversion vers 600 mètres. Au-dessus, l’on retrouve l’air chaud, avec 19°C à 1580 mètres (niveau 850 hPa) et 9°C à 3210 mètres (niveau 700 hPa). À 5910 mètres, la température est remontée jusqu’à –9°C, ce qui a pour conséquence une stabilisation des moyennes couches de l’atmosphère et la disparition totale des altocumulus castellanus.


10 août 2003

La petite dépression thermique, mal placée par rapport à chez nous et responsable de l’air humide dans les basses couches, disparaît enfin des cartes météorologiques. L’anticyclone scandinave reprend ses droits, tandis qu’une nouvelle dépression thermique, originaire d’Espagne, prend la relève et se trouve vers midi sur l’ouest de la France. La zone de convergence qui lui est associée influencera le temps le soir sur l’extrême ouest de notre pays.
Cette modification barique freine nettement les infiltrations maritimes, le vent devient faible et variable (le plus souvent moins de 10 km/h) et il refait très chaud, sous un ciel quasiment serein partout. On observe juste quelques cirrus et, dans l’est et le sud du pays, quelques cumulus humilis dont la base se trouve vers 1300 –1500 mètres.

Les températures dépassent à nouveau les 30°C presque partout, avec cette fois-ci des valeurs très élevées sur l’ouest du pays. Dans la région gantoise par exemple, on observe 34,0°C à Zelzate et à Eeklo. Près de Roulers (Beitem), la température monte plus haut encore, avec 35,2°C. La même température est aussi relevée à Vlamertinge, près d’Ypres. Au Hainaut, il fait parfois plus chaud encore, avec par exemple 35,9°C à Wasmuel. Ailleurs dans le pays, les températures se situent souvent autour des 32-33°C, avec 28 à 30°C sur les plateaux ardennais, et localement encore 35°C en Gaume (Meix-Devant-Virton : 35,1°C).

Au littoral, une faible brise de mer (15 km/h) s’installe l’après-midi, d’abord d’ouest à nord, puis de nord à nord-est. En fin d’après-midi, l’air très chaud stagnant sur l’ouest du pays se mélange à cette brise de mer, ce qui permet à Middelkerke d’atteindre aussi les 30°C (maximum : 30,2°C). Au bout de l’estacade du port d’Ostende, le maximum est de 29,3°C tandis qu’il s’élève à 32,5°C à Coxyde. Au large cependant, les températures ne dépassent pas 23°C (ce qui est déjà énorme au-dessus de la Mer du Nord !)

Le temps est serein mais le soir, outre quelque cirrus et altocumulus, on observe à Coxyde de forts bourgeonnements cumuliformes, formant même un véritable cumulonimbus capillatus. Cette instabilité, par ailleurs, persistera toute la nuit et finira par donner un orage le lendemain matin.


11 août 2003

La ligne de convergence reste sur la pointe d’ouest de notre pays avant de s’éloigner sur la Mer du Nord en après-midi. Celle-ci est responsable d’instabilité sur notre littoral pendant une bonne partie de la journée. Un anticyclone se trouve désormais sur l’est de l’Allemagne, la Pologne et, temporairement encore, sur la Baltique, tandis qu’une autre dépression thermique encore se déplace sur le nord de la France.

Il en résulte chez nous un vent qui souffle désormais d’est, avec une tendance sud-est, qui achemine de l’air très chaud sur tout le pays. Une légère baisse des températures au niveau 500 hPa (11°C à 5880 mètres) crée une instabilité dans les couches moyennes, également à l’intérieur du pays, avec la formation d’altocumulus castellanus. D’une façon générale, le ciel est peu nuageux le matin avec des cirrus, et nuageux l’après-midi avec, outre les altocumulus castellanus, aussi pas mal de cirrus. Une inversion, située vers 1200 mètres empêchera cependant toute formation de cumulus. Les températures, à nouveau très élevées, atteignent 33,9°C à Eeklo, 34,3°C à Deurne et 34,8°C à Kleine Brogel. Le centre du pays est un tout petit peu moins chaud, avec 31,7°C à Uccle, 31,5°C à Beauvechain mais 33,5°C à Gosselies. Et c’est la Gaume qui reprend le flambeau pour les températures les plus élevées, avec 35,4°C à Meix-Devant-Virton, 35,2°C à Aubange et 35,0°C à Dohan. Seul le Hainaut, très localement, fait encore mieux avec 35,8°C à Wasmuel.

Au littoral, les conditions climatiques sont quelque peu différentes. On observe de l’orage à Coxyde le matin, avec deux millimètres de précipitations. Le tonnerre est également entendu à Middelkerke mais là, il ne pleut pas. Ensuite, en matinée, les cumulus continuent à bourgeonner, un cumulonimbus calvus donne encore une faible averse à Coxyde. À côté de cela, on observe des altocumulus parfois épais et d’épais cirrus, en provenance d’une enclume de cumulonimbus. En outre, quelques stratus fractus très bas (120 mètres) courent dans le ciel, en provenance de la mer. Le vent souffle par rafales de nord à nord-est, avec des pointes jusqu’à 47 km/h, et les températures atteignent environ 21°C à 11 heures sous une très forte humidité.

En début d’après-midi, le ciel devient même temporairement très nuageux avec des cirrus et altocumulus dont certains sont castellanus, tandis que les cumulus se résorbent lentement. Le vent vient toujours de la mer, mais faiblit et les températures montent (à 14 heures : 25,1°C à Ostende, 27,5°C à Middelkerke et 28,1°C à Coxyde). Il fait une véritable chaleur d’étuve. Puis soudain, le vent général vient contrecarrer la brise de mer, partout le vent s’oriente au secteur est à sud-est (rafales jusqu’à 36 km/h) et les températures dépassent allègrement les 30°C, avec un maximum de 32,7°C à Ostende (estacade), 33,1°C à Coxyde, 33,2°C à Knokke-Zwin et 33,5°C à Middelkerke ! En contrepartie, l’air devient soudain très sec, le ciel se dégage en grande partie, les cumulus n’atteignent plus que le stade humilis avant de se résorber, et il subsiste des cirrus et quelques altocumulus.

Cette plus grande turbulence amène des bouffées d’air chaud jusque loin au large, poussées par un bon petit vent de sud-est. À Euro Platform, la température monte jusqu’à 25,7°C en début de soirée.


12 août 2003

La dépression thermique, qui se déplaçait la veille sur le nord de la France, se trouve à présent sur les Pays-Bas et remonte vers le nord de l’Allemagne. Il s’ensuit une nouvelle rotation du vent, qui souffle désormais de sud-ouest à ouest, mais nous restons dans l’air très chaud (à l’exception du littoral). Un front ondule depuis l’ouest de la Bretagne jusqu’à la Scandinavie, toutefois ne se rapproche pas encore de notre pays. En altitude, le vent commence à souffler fort d’ouest à sud-ouest, mais dans les basses couches, l’écoulement de l’air reste assez faible, et il n’y a pas d’infiltrations maritimes. En après-midi, de petites rafales (environ 30 km/h) sont toutefois observées à l’intérieur du pays, principalement aux endroits dégagés.

La chaleur peut donc atteindre de nouveaux sommets, après une nuit déjà très chaude par endroits (minimum de 23,8°C à Bierset), avec 37,7°C à Kleine Brogel, 37,6°C à Meix-Devant-Virton, 37,5°C à Wasmuel et 37,4°C à Aubange. Au centre du pays, les 35°C sont approchés en de nombreux endroits, avec 34,7°C à Beauvechain et à Semmerzake, et 34,9°C à Deurne. Par endroit, les 35°C sont même dépassés, comme à Zaventem (35,1°C), Bierset (35,9°C) et Gosselies (36,5°C). Les plateaux ardennais, eux aussi, connaissent à nouveau des températures extrêmes, avec 33,1°C à Mont-Rigi et 33,5°C à Saint-Hubert. Elsenborn affiche 34,3°C et Spa, 34,8°C. En même temps, l’air redevient humide en de nombreux endroits, ce qui rend la chaleur particulièrement éprouvante.

Le ciel est le plus souvent peu nuageux à nuageux, mais parfois très nuageux avec d’épais cirrus spissatus, parfois des cirrostratus et quelques altocumulus. Vers le soir, le ciel redevient peu nuageux ou serein.

Au littoral, le vent général d’ouest à sud-ouest favorise à nouveau la brise de mer, qui souffle d’ouest à nord-ouest l’après-midi, puis de nord. En matinée, le ciel est nuageux avec des cirrus, mais il fait brumeux, et l’après-midi, dès 15-16 heures, des stratus très bas, en plusieurs couches, envahissent le littoral. Le plafond, par moment, tombe à 90 mètres seulement, avec un ciel quasiment couvert. Le soir, ces stratus se dissipent à nouveau temporairement, avant de se reformer, avec du brouillard épais à Coxyde.

Les températures, dans ces conditions, restent assez basses, avec un maximum de 23,3°C à Ostende, 23,5°C à Middelkerke et un petit 25,1°C à Coxyde (à 4 kilomètres à l’intérieur des terres, rappelons-le). Knokke-Zwin, un peu plus abrité cette fois-ci, enregistre 27,4°C. Au large, la température baisse aussi, passant de 22°C la nuit à 19°C l’après-midi, au-dessus d’une eau à 20°C. Le vent y tourne progressivement du sud-est au nord-ouest en passant par le sud-ouest.

Ce vent de (nord-)nord-ouest pénètre le soir à l’intérieur des terres et y fait aussi quelque peu baisser les températures.


13 août 2003

La nuit du 12 au 13, un petit front très affaibli réussit à traverser le pays, de façon très discrète, avant de se frontolyser complètement. Une portion d’air un rien plus frais envahit les basses couches, tandis que l’air reste très chaud au-dessus. À midi, au niveau 850 hPa (1570 mètres), la température atteint toujours 19°C. L’inversion se situe vers 1400 mètres, avec 16°C juste en-dessous et 20°C juste au-dessus. Cette inversion ne se résorbera pas, jusqu’à l’arrivée d’un second petit front en soirée, avec un peu de pluie. Après celui-ci, la température baisse encore un petit peu, cette fois-ci à tous les niveaux. Un troisième front traversera le pays en fin de nuit et mettra définitivement fin à la vague de chaleur, à l’exception de la Gaume, où des poches d’air chaud subsisteront encore quelques jours.

Le matin du 13, donc, après la dissipation des brumes et stratus (passant par un stade de stratocumulus doublés de cumulus), le ciel devient d’abord serein. L’après-midi, quelques rares cumulus se forment juste en-dessous de l’inversion. Au-dessus, le ciel devient vite nuageux à très nuageux par l’arrivée massive d’altocumulus, accompagnés de cirrus et, parfois, de cirrocumulus. En soirée, ces altocumulus se mêlent à de l’altostratus et il pleut un peu par endroit. En-dessous, on note alors des stratocumulus et quelques stratus fractus de mauvais temps.

En après-midi, la température s’approche encore des 30°C en bien des lieux, avec 28,2°C à Uccle, 28,9°C à Zaventem, 29,2°C à Gosselies et 29,3°C à Bierset. Dans la partie sud des Ardennes, il fait presque 30°C aussi, comme à Saint-Hubert (29,2°C), tandis que la Gaume est encore en pleine canicule, avec 33,2°C à Arlon et à Virton, 33,6°C à Aubange et 33,9°C à Meix-Devant-Virton. Là, il fait encore très beau toute la journée, avec juste quelques altocumulus cumulogenitus et quelques cirrocumulus le soir.

Au littoral, le temps est à peu près le même qu’à l’intérieur des terres, sauf que les brumes matinales y sont plus denses (épais brouillard à Coxyde) et parfois plus coriaces. Les nuages de la faible perturbation y arrivent un peu plus tôt aussi. Les maxima y sont de 24 à 25°C. Le vent est relativement faible dans tout le pays, avec une prédominance de nord-ouest. Un peu de turbulence, à l’intérieur des terres, est responsable de quelques rafales.

 


Source : KNMI



14 août 2003

Le matin est placé sous le signe de la troisième perturbation, avec le passage d’un nimbostratus très affaibli, qui est plutôt un altostratus mêlé à des altocumulus, doublé de quelques stratus fractus et cumulus fractus de mauvais temps, et donnant un peu de pluie. Ensuite, le temps se remet rapidement au beau, avec des stratocumulus (1000 mètres) doublés de cumulus (700 mètres), puis des cumulus humilis vers 1000 mètres, quelques altocumulus et quelques cirrus.

Pour la première fois, on assiste à de l’air maritime véritable, frais avec des maxima compris entre 22 et 24°C presque partout, et même 21 à 22°C au littoral. Seule la Gaume a encore chaud, malgré un ciel nuageux avec d’épais altocumulus. À Virton, la température monte jusqu’à 28,4°C, tandis qu’Aubange et Meix-Devant-Virton mesurent 29,2°C.
Le soir, le ciel gaumais se couvre d’un épais stratus, par des températures de 24-25°C, avant que l’arrivée d’air plus frais ne fasse baisser la température également dans le sud du pays.


15 août 2003

La nuit a été très fraîche dans la plupart des régions, avec des températures de 9 à 11°C. À Elsenborn, le thermomètre est même descendu jusqu’à 4,3°C. Mais en journée, le temps est lumineux et toujours aussi frais (23-24°C), avec des cumulus mediocris et quelques stratocumulus cumulogenitus par étalement sous une forte inversion vers 2200 mètres. Au-dessus, quelques altocumulus et cirrus ne gâchent absolument pas le plaisir.


Épilogue

La chaleur ne nous reviendra plus au cours de ce mois d’août, mais il fera encore souvent beau, et les précipitations resteront rares. Le vrai mauvais temps, avec de fortes précipitations et des températures inférieures aux normes saisonnières, ne nous affectera que tout à la fin du mois.

Bien plus tard, l’été refera une dernière apparition entre le 18 et le 22 septembre, avec à nouveau des températures supérieures à 30°C par endroits en date du 20.

On peut donc conclure que l’été 2003, même dans le contexte actuel du réchauffement climatique, reste un grand été qui n’est pas prêt de se reproduire. 2006 s’y est essayé, avec un mois de juillet sortant tout à fait du lot, mais compensé par un mois d’août très pluvieux et plutôt frais. Parmi les autres étés récents, aucun « n’arrive à la cheville » de 2003.

Pour le nord de la Belgique, l’été 2003 a été comparable à 1947 et 1976 ; pour le sud de la Belgique, il s’agit d’un été tout à fait exceptionnel, qui ne s’est probablement plus produit depuis 1540 !

 


Photo : Patrick Masy - Ostende août 2003

 

Sources

IRM
Bulletins mensuels climatologiques – juin, juillet et août 2003
Bulletins synoptiques (via OGIMET)
Sondages d’Uccle à 00h et à 12h T.U.

KNMI
Cartes synoptiques quotidiennes, de 6 heures en 6 heures
Bulletins synoptiques d’Euro Platform (via OGIMET)

NCEP Reanalysis
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